INAUGURATION STÈLE PAUL-JEAN ROQUÈRE, UN DRACENOIS MORT POUR LA FRANCE
SAMEDI 30 AOUT 2025 AU PARC CHABRAN de draguignan
Le 8 mai 2022, lors de la cérémonie commémorant la fin de la seconde guerre mondiale, monsieur Richard Strambio, maire de notre ville, prononçait pour la première fois en public, le nom de Paul-Jean Roquère. Ce nom venait d’être rajouté à la trop longue liste de ces dracénois morts pour la France. Ces noms gravés sur le fronton de la mairie, nous rappellent que des jeunes de notre citée n’ont pas hésité à s’engager jusqu’au sacrifice suprême pour notre liberté. Paul-Jean Roquère est le seul nom qui est accompagné de la mention « Ordre de la Libération » en lettre d’or.
Comment expliquer cette inscription et cet hommage si tardifs ?
Paul-Jean Roquère, aviateur né à Draguignan, péri en mer le 15 mars 1943 lors du torpillage du bateau qui l’emmenait en Angleterre pour rejoindre le Groupe de Bombardement LORRAINE, était tombé dans l’oubli. Totalement oublié de nos aviateurs d’aujourd’hui, totalement inconnu de nos concitoyens.
Comme le disait Elie Wiesel :
« Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l'oubli. »
Il a fallu un heureux concours de circonstances et des recherches approfondies pour que nous sortions Paul-Jean Roquère de l’oubli afin de lui rendre l’hommage qu’il mérite eu égards à son engagement et au sacrifice qu’il a consenti pour redonner la Liberté et l’honneur à la France bafouée par la défaite de juin 1940
L’inauguration de cette stèle est le point d’orgue du cycle mémoriel entamé le 15 mars 2023 (80ème anniversaire de sa disparition)
Pour rappel, ce cycle mémoriel comportait plusieurs évènements ; une exposition à la Chapelle du Bon Pasteur, plusieurs conférences dont celle à l’auditorium le 15 mars 2023, un article de fond paru dans le bulletin n°59 de la Société d’Etudes Scientifiques et Archéologiques de Draguignan et du Var. L’allée du Parc Chabran où nous nous trouvons porte le nom de notre héros. Ces actions relayées au niveau départemental et national s’inscrivent dans la démarche nationale commémorant le 80ème anniversaire de la libération de notre pays.
Il y a 80 ans, plus exactement le 16 octobre 1945, le général De Gaulle reconnaissait le lieutenant aviateur Paul-Jean ROQUÈRE comme Compagnon de la Libération.
Mais, qui était Paul-jean ROQUÈRE ?
Paul Jean Roquère nait le 30 août 1916 à Draguignan, il y a donc 109 ans aujourd’hui. Il effectue ses premiers pas dans la préfecture du Var. En effet, son père est le préfet du Var de 1914 à 1918, en poste à Draguignan, alors préfecture de ce département à vocation militaire et maritime. Le parcours professionnel du préfet Roquère est exceptionnel. Il terminera Secrétaire général de la Sûreté Nationale. C’est donc dans une famille profondément ancrée dans les valeurs de la République que le jeune Paul-Jean va forger sa personnalité.
Après de belles études en région parisienne, il obtient avec succès ses baccalauréats et décroche une licence en droit et une autre en lettres. Il suit en parallèle une Préparation militaire Supérieure. Désireux de servir son pays, il rejoint l’école militaire de l’Infanterie et des Chars à Saint Maixent le 20 octobre 1937 comme élève officier. Il épouse Suzanne Defferez (1917-2007) le 22 décembre 1937, femme exceptionnelle dont on va reparler. Il est affecté au 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins à Nice. Peu après la déclaration de guerre du 03 septembre 1939, il se porte volontaire pour devenir officier observateur dans l’armée de l’Air en pleine restructuration pour faire face à la terrible Luftwaffe allemande.
Sa formation d’aviateur sera rapide et très perturbée car dès juin 1940, il est pris dans le tourbillon de la débâcle. Il se retrouve sur le terrain de Clermont-Ferrand où faute d’avion, il demande à reprendre ses habits de fantassin le temps de participer activement à la défense des derniers ponts sur la Loire. Le repli qui suit va l’amener sur la base aérienne de Pau où règnent la confusion et le désordre. Les rumeurs de capitulation le consternent
Refusant la défaite et l’humiliation, il rejoint avec quelques camarades Saint Jean de Luz et embarque en uniforme polonais sur le Sobieski pour atteindre Plymouth le 23 juin 1940.
Un des premiers à s’engager dans les Forces Aériennes Françaises Libres, le lieutenant Paul Jean Roquère, observateur sur bombardier Blenheim, intègre l’escadrille « Topic » et rejoint Lagos au Nigéria.
Il participe alors à toutes les opérations de reconquête de l’Afrique. On le verra dans le ciel de Koufra, d’Abyssinie, de Bir Akeim, d’El Alamein et de Lybie. Il sera un des premiers à rejoindre le Groupe de Bombardement baptisé Lorraine qui participe aux opérations aériennes au profit de la VIII armée britannique à travers le désert jusqu’au golfe de Syrte.
Brillant officier, le lieutenant Paul-Jean Roquère est affecté à l’état-major des FAFL au Moyen Orient à Beyrouth. Il suit la formation et obtient son brevet de pilote. C’est à ce moment-là, que Suzanne, son épouse le rejoint. Elle a quitté clandestinement la métropole, traversé l’Espagne, débarqué au Congo et traversé l’Afrique dans des conditions rocambolesques pour retrouver son époux.
Fin 1942, une partie des FAFL doit rejoindre la Grande Bretagne en profitant des liaisons maritimes disponibles pour préparer activement les futurs combats qui se profilent en Europe. Les époux Roquère embarquent à Suez le 17 novembre. Après une escale à Madagascar, leur navire arrive à Durban (Afrique du Sud). Le 1er mars 1943, Ils embarquent sur l’Empress of Canada qui doit les conduire en Angleterre. Ce sera le dernier voyage du couple Roquère.
Dans la nuit du 13 au 14 mars, le paquebot est torpillé par un sous-marin italien au large du Dahomey (Bénin). Le navire coule après avoir été éperonné par une seconde torpille. A plus de 500 km des côtes africaines, ils sont 26 naufragés qui attendent les secours, accrochés à un bout d’épave de 1m sur 2m. L’attente va être interminable et dramatique. La nuit les eaux de l’Atlantique sont froides. Le jour le soleil de l’équateur est torride. Déjà, plusieurs naufragés ont lâché prise. Après de longues heures de souffrance malgré le soutien de son épouse, Paul Jean Roquère, exténué et malade, se défait de son gilet de sauvetage et disparaît à jamais dans l’océan sous les yeux de Suzanne. Il y a plus de 52 heures que les survivants sont accrochés à ce bout d’épave lorsqu’un navire britannique arrive sur les lieux. Sur les 26 naufragés du départ, ils ne seront que cinq sauvés in extrémis. Parmi les cinq, Suzanne Roquère
Le lieutenant Paul Jean Roquère sera fait Compagnon de la Libération le 16 octobre 1945 à titre posthume. Romain Gary, qu’il côtoya comme aviateur des FAFL, le considérait comme « le plus brillant d’entre ses camarades »
Paul-Jean Roquère n’a aucune descendance. Tout ce que nous avons trouvé sur sa courte vie, sur son engagement et son sacrifice, nous le devons au témoignage de son épouse Suzanne disparue en 2007. Ne laissons pas le temps effacer l’histoire de cet illustre dracénois. Nous nous sommes donné la mission de passeur de mémoire et de transmission pour que les jeunes générations s’accaparent les valeurs de Paul-Jean Roquère.
L’Ordre de la Libération qui siège aux Invalides à Paris, nous a suivi et encouragé dans ce travail de mémoire. Le général Christian Baptiste, président et délégué national de l’Ordre, n’a pu se libérer pour être présent. Il nous a chargé de lire ses quelques mots :
« En 1940, la France comptait 40 millions de français. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, ils ne seront que 1038 à avoir été faits « Compagnons de la Libération ». Ces 6 femmes et 1032 hommes, dont 76 étrangers, composeront cette « chevalerie exceptionnelle créée au moment le plus grave de l’histoire de France », selon les mots du général de Gaulle.
Et le lieutenant Paul Jean Roquère était un de ces 1038, un de cette phalange magnifique, un de cette aristocratie de l’honneur. Et il était né à Draguignan.
Et si le parcours de certains Compagnons, a émergé à la lumière, le plus grand nombre, à l’instar de Paul-Jean Roquère est entré dans l’histoire avec discrétion. L’engagement des Compagnons a été fait de déchirements, de sueur, d’angoisses, de larmes, de souffrances, de sang et de chagrins. Et un tiers des Compagnons, comme Paul-Jean Roquère, tombera pour libérer la France.
« Liberté, égalité, fraternité » c’est la devise de notre république, c’est également le phare qui a guidé les Compagnons dans la nuit froide, sombre et lugubre de l’occupation, conséquence de l’effondrement militaire, politique et moral de notre pays. Ils se sont battus, non seulement pour libérer la France, mais aussi, on l’oublie trop souvent, pour qu’elle soit plus juste, plus fraternelle et demeure républicaine.
Il est probable que jamais dans la longue histoire de notre pays, une épopée collective basée sur l’engagement volontaire allant jusqu’au don de soi ait, à un tel point, réuni des individus aux origines si diverses, aux sensibilités politiques, philosophiques et spirituelles si éloignées, si ce n’est parfois franchement antagonistes. Mais ils ont su s’élever au-dessus de toutes les chapelles et transcender leurs différences en une cause commune, celle du combat pour l’honneur et la liberté de la France.
Si généralement les Compagnons furent les premiers à se lever et à donner l’exemple, ils ne furent cependant pas les seuls. Ils sont les porte-drapeaux de tous ceux, qui, à leur suite, eurent le courage de se lever et de Résister.
C’est, pour nous, une exigence morale que de ne pas laisser tomber dans l’oubli ceux qui se sont levés et sacrifiés pour la liberté et l’honneur de la France.
Soyons convaincus qu’une nation qui ne voudrait pas se souvenir serait un peuple non seulement ingrat, mais de plus sans racines, donc sans sève et condamné, à terme, au desséchement de son âme et à l’émiettement des citoyens de sa cité.
Ceux qui résistèrent virent le pays à terre et la patrie touchée au cœur. Ils ne désespérèrent cependant jamais de la France, et furent les soldats de l’héroïque espérance. Alors diffusons la leçon que nous laissent ceux qui eurent le courage de se lever : que sans volonté il n’y a pas de chemin et que sans espérance il n’y a pas d’avenir.
Le général de Gaulle affirmait que : "Le souvenir ce n'est pas seulement un pieux hommage rendu aux Morts, c'est aussi un ferment toujours présent dans les actions des vivants".
D’heureuses initiatives comme cette stèle en hommage au lieutenant aviateur Paul-Jean Roquère sont bien un ferment à la disposition de nos jeunes compatriotes, afin qu’à l’heure de la relève, ils deviennent, à leur tour, les blocs de granit et les Forces Morales de la Nation, animés par un ardent patriotisme, une volonté de communauté de destin et une inaltérable espérance en la France. »
Gloire à nos Compagnons de la Libération. Gloire à Paul-Jean ROQUÈRE mort pour que nous puissions profiter de cette liberté qui nous est si chère
Lieutenant Paul-Jean ROQUERE, vous serez toujours présent dans la mémoire collective de notre citée.

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